Frédéric Bazille est né le 6 décembre 1841. Il est issu d'une vieille famille d'orfèvres et de négociants, membres de l'Eglise réformée. Son père, propriétaire terrien et viticulteur est un notable. Bazille passe son enfance entre l'hôtel situé Grand-Rue à Montpellier et la résidence d'été de la famille, le domaine de Méric (devenu, de nos jours, un parc public). La bâtisse rose est située en hauteur, et la pente du parc descend jusqu'à la rivière Lez. "Méric, un greffon de Florence enté en Languedoc est un lieu magique" (F.B.Michel - biographie de Bazille)
En 1859, après avoir passé le baccalauréat, Bazille envisage de se consacrer à la peinture. Il entreprend cependant des études de médecine, carrière voulue par ses parents, tout en peignant pendant son temps libre et en suivant des cours de peinture et de dessin dans l'atelier du sculpteur Joseph Baussan.
En 1862, ses parents acceptent qu'il poursuive ses études à Paris, mais Bazille conserve la volonté d'être peintre. Il fréquente l'atelier de Charles Gleyre. Il y rencontre Monet, Sisley et Renoir. Monet sera un guide que Bazille hébergera et aidera beaucoup financièrement.
En 1854, il échoue à sa deuxième année de médecine, son père accepte finalement qu'il se consacre à la peinture.
Bazille est un hôte assidu du salon de sa cousine Mme Lejosne. Il y retrouve Baudelaire, Verlaine, Barbey d'Aurevilly, Braquemond, Manet. Cette élite, opposée à Napoléon III, voue un culte à Victor Hugo, l'exilé, et est hostile à l'académisme.
Il se lie d'amitié avec Pissarro, Fantin-Latour, Nadar (il sera présent à l'envol du "Géant"-voir article http://www.voir-ou-revoir.com/search/nadar/), Zola, Degas et Cézanne qu'il réunira au petit café Guerbois des Batignolles à quelques pas de l'atelier de Manet.
Ci-dessus - L'Atelier de la rue de Visconti - 1867 - Huile sur toile, 65x48cm, Richmond
L'atelier est un lieu essentiel pour les peintres : on s'y rencontre pour observer les progrès des uns et des autres, s'encourager, engager des débats esthétiques, y diner ensemble. C'est aussi un sujet de peinture lorsque l'on ne peut pas s'offrir des modèles ou sortir peindre en plein air.
Ci-dessous :
Atelier de la rue de la Condamine - 1869/1870 - huile sur toile 98x128,5cm - Paris Musée d'Orsay.
Edmond Maître est au piano, Emile Zola parle à Renoir qui peint, et la grande silhouette de Bazille est de la touche de Manet.
En 1865, Bazille quitte son petit local de la rue de Vaugirard pour s'installer avec Monet dans un atelier 6, rue de Fürstenberg, face à l'atelier de Delacroix. De leur fenêtre les deux amis peuvent voir la pièce ou peint le maître. Ils y recevront Courbet venu encourager Monet qui peint "Le Déjeuner sur l'herbe". Bazille déménagera plusieurs fois durant les huit années passées à Paris. En 1966, rue Godot-de-Mauroy, puis rue de Visconti, aux Batignolles, et en avril 1870 rue des Beaux-Arts.
Bazille aime la vie parisienne, le théâtre, les concerts. Il partage sa passion pour la littérature, la poésie et le piano avec Edmond Maître avec lequel il entretiendra une amitié profonde. Mais il aime aussi se ressourcer au grand air et fait de nombreuses escapades à Honfleur avec Monet, à Chailly, à Barbizon, à Aigues-Mortes et retourne régulièrement tous les étés à Méric, site essentiel dans l'œuvre de Bazille.
Ci-dessus - Paysage à Chailly - 1865 - huile sur toile 81x100cm - Chicago
Entre 1863 et 1870, Bazille peint plus d'une cinquantaine d'œuvres de tout genre : portraits, paysages, natures mortes (à cette époque genre important, modeste et peu couteux), nus (surtout masculins).
Portrait de Pierre Auguste Renoir - vers 1868-1869 - huile sur toile 61x50cm - Montpellier Musée Fabre - dépôt du Musée des beaux arts d'Alger
Bazille meurt tragiquement le 28 Novembre 1870, au cours de la guerre franco-prussienne. Avec la fougue de la jeunesse il s'est engagé dans le 3ème régiment de Zouaves. Sergent major nouvellement promu, il reçoit une balle dans le bras et une dans le ventre lors de l'assaut de Beaune-la-Rolande (Loiret).
La quasi-totalité de son œuvre est rapatriée chez ses parents, où personne ne la voit durant près de trente ans. Nous devons à Manet et au critique Roger Marx la redécouverte de Bazille. A l'Exposition Universelle de 1900, Roger Marx fait le bilan d'un siècle de peinture française et introduit avec les impressionnistes qui sont devenus célèbres, l'oublié Bazille. La "Vue du village" et "La Toilette" sont présentés dans la salle des précurseurs du mouvement
Marc Bazille, frère de Frédéric, propose pour une somme symbolique "La Réunion de famille" aux musées nationaux. En 1910, une première grande rétrospective est organisée dans le cadre du Salon d'Automne.
Bazille n'aura vendu aucun tableau de son vivant, d'ailleurs il n'avait nullement besoin d'argent, ses parents lui versaient une rente mensuelle mais il devait rendre des comptes. Mécène pour ses amis, il acheta notamment à Monet "Les Femmes au jardin".
En 1870 il émergeait à peine sur la scène artistique, le Salon lui ouvrait ses portes : "Je suis lancé, écrivait-il à son frère Marc, et tout ce que j'exposerai dorénavant sera regardé". Bazille n'a pas eu la chance de vivre le plein épanouissement de l'impressionnisme.
C'est une très belle exposition qui, au travers des œuvres de Bazille en résonance avec celles de ses amis et contemporains, met en évidence la recherche de cette génération sur la peinture en plein air et particulièrement selon Bazille "comment peintre une figure au soleil"
PREMIERE EXPOSITION SUR BAZILLE ORGANISEE PAR LES MUSEES NATIONAUX
Jusqu'au 5 Mars 2017 - Musée d'Orsay PARIS